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Carré d'artistes - Le blog
Inspirations, découvertes et dernières actualités du monde de l'art et de nos galeries.
La minute art

Murakami, un Andy Warhol au pays du soleil levant


 

Un visage actuel de l’art contemporain

 

Il existe deux Murakami mondialement célèbres pour leur œuvre ! Haruki est un grand écrivain auquel on prédit le prix Nobel de littérature… et Takashi, qui est un artiste au style « pop art » à l’origine de très nombreuses créations qui connaissent un succès international.
De fait, Takashi Murakami est un plasticien tokyoïte né en 1962 dans une famille modeste du quartier Itabashi de l’ancienne ville.
Il s’imagine réalisateur de dessins animés. Très tôt influencé par l’esthétisme de la culture des mangas et des bandes dessinées nippons, il effectue des études secondaires classiques, puis étudie la peinture japonaise à l'Université nationale des beaux-arts et de la musique de Tokyo. Il y obtient une licence en beaux-arts en 1986, puis en 1993 son doctorat. 1995 marque son entrée – précoce – dans le monde de l’art contemporain. Cette année-là, il lance son propre studio de production, baptisé Hiropon Factory – renommé quelques années plus tard Kaikai Kiki Corporation.

 COLLECTION INSPIRATION TAKASHI MURAKAMI
   
collection murakami par carré d'artistes 

 

Toujours en 1995, il présente également ses œuvres dans des expositions collectives et individuelles, notamment à l’occasion du festival TransCulture, organisée dans le cadre de la 46ème Biennale de Venise. L'année suivante, certaines des peintures et sculptures de Murakami artiste sont présentées à la Queensland Art Gallery de Brisbane, à l’occasion de la seconde Triennale Asie-Pacifique d'art contemporain. Le succès est immédiat, et ne se démentira pas. Son studio lui permet d’une part de faire connaître ses créations et d’en commercialiser des produits dérivés, mais également de populariser d’autres artistes nippons.


 

Les influences d’un créateur prolifique


Le succès de Murakami vient probablement de son travail « sous influence », un syncrétisme artistique qui mêle de nombreux courants et dont il fait une habile et jouissive synthèse, sur fond de discours idéologique. Il faut voir dans ses œuvres une fusion de références anciennes et très actuelles, parfois même antagonistes les unes avec les autres. On y trouve d’abondantes références iconographiques à la tradition, à la culture Otaku, au cinéma, aux mangas, à la mode, aux technologies modernes…

C’est peu de dire son œuvre néo pop a un retentissement au Japon que l’on peut aisément comparer à celui d’Andy Warhol aux Etats-Unis. Formé aux arts traditionnels de son pays de naissance, Murakami a assez tôt rapproché l’esthétique plate de la peinture japonaise avec les formes colorées et dynamiques des mangas et des dessins animés. Il en ressort une tendance « super flat » dont il devient le chef de file : des toiles sans aucun coup de pinceau visible, ni aucun sens de la perspective ou de la profondeur.

Son style aime mettre en scène des images audacieuses et très colorées, parsemées de Murakami fleurs, avec des personnages parfois grotesques, dans des formes bidimensionnelles. Son univers hallucinogène réunit le monde artistique et l’imagerie commerciale, aux sous-entendus ironiques et provocateurs. Derrière cet art criard et vitaminé, on devine une critique de la société de consommation – dans laquelle l’artiste baigne lui-même – mais également des fanatismes, ou de la culture traditionnelle.

murakami : L’esthétique du champignon


 

Parmi les icônes qui parsèment son œuvre, on découvre les fleurs et les champignons, dont la représentation fait référence à des sources multiples. Spontanément, on peut penser – en regardant la toile Super Nova (1999) – à la culture des drogues hallucinogènes, tant l’iconographie de Murakami porte une charge psychédélique fortement assumée. Cet immense tableau transforme des centaines de champignons en images kitsch et gaies, avec leurs chapeaux parsemé d’yeux curieux. Mais le champignon porte également une symbolique phallique, que l’on retrouve dans My Lonesome Cowboy (1998), une sculpture en résine représentant un adolescent aux cheveux longs et blonds de type manga qui tient son sexe dans la main, avec du sperme qui jaillit dans l’autre, à la manière d’un lasso… Epoque bodily fluid de Murakami.

 


murakami et les champignons
 


Mais comment ne pas voir également derrière le champignon la hantise de la bombe atomique et son cortège de drames qui traumatisent encore aujourd’hui le Japon ? C’est donc une référence historique explicite. Après tout, enfant, le jeune Murakami écoutait sa mère lui raconter le survol de Tokyo par les avions américains… La mise en scène DOB in the Strange Forest (Blue DOB, 1999) montre l’artiste, sous les traits de son avatar, Mr. DOB – un Mickey revisité – entouré de champignons aux couleurs criardes, surmontés d’yeux, dans une ambiance anxiogène. Des yeux qui suivent le spectateur dans la pièce… d’autant mieux qu’ils sont nombreux et orientés dans toutes les directions.

Les champignons chez Murakami rappellent également divers protagonistes et éléments d'anime et de mangas japonais, ou d’histoires de fées occidentales, où l’on trouve des mises en garde contre une intoxications dû à des champignons vénéneux. Et pourtant, on les célèbre comme des mets parfois de luxe dans de nombreuses cultures culinaires, même s’ils sont, à l’opposé, annonciateurs de la pourriture d’un aliment. Ils portent avec eux la capacité de disparaître aussi subitement qu’ils sont apparus… comme des personnages mystérieux. Toutes ces significations et références en font un objet presque iconique du royaume imaginaire de l’artiste.
 

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Créer et prospérer sans limite, au Japon et ailleurs




 
Artiste très créatif, mais également homme d’affaires avisé, Takashi Murakami a créé très tôt son propre studio pour pouvoir développer ses œuvres et les commercialiser, sous la forme de produits dérivés.
Ses créations font souvent l’objet d’expositions à l’étranger, notamment en France et aux Etats-Unis. À la suite de l’une d’elles à la Fondation Cartier pour l'art contemporain à Paris en 2002, l’artiste a collaboré l’année suivante avec le maroquinier de luxe Louis Vuitton, pour créer et produire des articles de mode reprenant les codes de la patte Murakami artiste : visuel coloré et personnages de manga pour redonner des couleurs à la vénérable maison de mode, en lui additionnant des « Murakami fleurs ».
L’art n’est-il pas, depuis longtemps, une marchandise comme une autre, que l’on peut revendiquer comme tel ?

Compte-tenu de son style très identifiable, Murakami a, d’une certaine manière, créé sa marque. Son atelier de production, Kaikai Kiki Corporation, est aujourd’hui un empire créatif, à l’instar de la Factory d’Andy Warhol ou de l’atelier de Chelsea de Jeff Koons. Ses œuvres sont reproduites sous la forme de produits dérivés. On peut admirer des œuvres de Murakami dans des expositions au Musée d’art contemporain de Chicago, ainsi qu’au Musée des arts fins de Boston ou le Musée d’art moderne de San Francisco. Enfin, il a eu l’occasion de collaborer avec des artistes internationaux de la musique pop, comme Kanye West ou Pharell Williams. Ses œuvres sont très cotées sur le marché de l’art contemporain.
 
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