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Carré d'artistes - Le blog
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La minute art

La nature morte : un genre de peinture qui sort du cadre

- 01/08/2021
La nature morte en peinture

Pourquoi « Nature morte » ?



 
La France adopte la locution en 1756. Le genre existe pourtant depuis l'Antiquité, mais peu considéré, il navigue entre plusieurs appellations.
Le Florentin Giorgo Vasari emploie le terme de « cose naturali » (« choses naturelles ») pour décrire les stucs peints à Rome de Giovanni da Udine.


En Flandre au milieu du XVIIe siècle, on utilise « stilleven » pour traduire « les pièces de repas servis ».
Le mot, peu flatteur, désigne à la fois les fruits, les fleurs et les poissons ! Cependant, les peintres allemands puis les artistes anglais récupèrent la locution et la transforment en « stilleben » et « still-life ». La peinture de chose naturelle devient « la peinture de vie silencieuse ».


En Espagne, le caractère alimentaire est conservé : le bodegón symbolise les scènes de cuisine avec peinture de récipients.
André Félibien la place en bas de la hiérarchie des genres picturaux, en 1667, comme peinture de « choses mortes ».
Malgré cela, les tableaux de Jean Siméon Chardin rencontrent un énorme succès et c'est l'expression « nature morte » qui finit par s'imposer.
La définition complexe du genre a certainement causé cette suite mouvementée de désignations.

La nature morte : des fruits et des bouquets de fleurs ?

 


Pas seulement… La nature morte en peinture qualifie toute représentation d'objets et d'éléments inanimés.
On y inclut donc les aliments, les scènes de cuisine, les trophées de chasse, les spécimens de collection, les instruments de musique et les animaux tués, etc.


Néanmoins, cette peinture se caractérise en tant que genre organisé, réfléchi et souvent intentionnel. L'historien de l'art, Charles Sterling définit en 1952 celle-ci comme un assemblage pictural, pensé par l'artiste. Il a pour objectif : « de nous imposer son émotion poétique devant la beauté qu'il a entrevue dans ces objets ». Ainsi, dans l'œuvre de Chardin intitulée Verre d'eau et carafe (1720), les objets attirent le regard avec force.
Les voilà sublimés par le peintre.


La nature morte peinture met en scène l'objet et fait donc disparaître l'humain.
De nombreuses toiles évoquent cet effacement par des détails qui ont toute leur importance : animaux morts, insectes, récipients en désordre… L'absence de vie humaine permet alors celle de l'objet.
Trois éléments définissent le genre : la représentation d'objets inanimés, l'intention donnée par l'artiste et la victoire de ceux-ci sur la vie animée.
 
 

EXEMPLE DE NATURE MORTE CHEZ CARRE D'ARTISTES

 

Bodega de Natalia Villanueva / 120 x 120 cm

bodega nature morte peinture de natalia

 


La nature morte peinture existait-elle avant le XVIe siècle ?



On trouve les prémices de cet art pictural dans certains objets décoratifs ou religieux de la préhistoire : peintures rupestres, frises de sarcophages, etc.
L'historienne de l'art Laurence Bertrand Dorléac et spécialiste éméritesouligne l'abondance de motifsreprésentant la nature à cette période.


Naturaliste et écrivain de l'Antiquité, Pline l'Ancien décrit les tableaux du peintre grec Piraïkos.
Ce spécialiste de la reproduction des victuailles et des boutiques de barbiers est déjà controversé. Malgré les critiques de ces contemporains, ses « rhopographies » (œuvres d'objets humbles et vulgaires) se vendent plus chères. Charles Sterling explique que cette peinture dépasse le désir de recopier la nature.
Elle contient des allusions épicuriennes à profiter de l'instant.



le guide du collectionneur




Au Moyen-Âge, apogée de la représentation religieuse et symbolique, l'objet en tant que tel s'efface.
Il devient détail. Il faudra attendre le 16e siècle pour que la nature morte soit considérée comme genre à part entière.
 

Trois siècles qui sonnent l'heure de gloire de la nature morte


D'abord en Italie puis en Flandre et en Hollande,la nature morte peinture se développe à partir du XVIe siècle en Europe.
La Renaissance, les Grandes Découvertes, l'intérêt grandissant pour la nature vont permettre son essor.
On peint des fleurs, des curiosités, des miniatures de manière presque scientifique.
Au XVIIe siècle, le peintre Baptiste devient spécialiste de la peinture de fleurs et participe à la décoration de nombreuses demeures. Il peint en 1665 le célèbre Fleurs, fruits et objets d'art. Exactitude et précision sont les maîtres-mots.


C'est également au XVIIe siècle qu'une catégorie particulière de cette peinture de la réalité prend de l'importance : la peinture de Vanités.
L'objet au centre de l'œuvre possède une valeur hautement symbolique. La composition allégorique représente l'insignifiance de la vie humaine.
Le sablier, le miroir ou le crâne côtoient les fleurs et les objets du quotidien. Les Écoles se scindent. Au nord de l'Europe, la peinture se veut bourgeoise alors qu'au sud, les artistes se consacrent aux sujets religieux.
Cependant, dans la nature morte, les peintres commencent à affirmer leur travail esthétique de reproduction de l'objet.
Cette tension entre art mimétique et art symbolique engendre la véritable définition de ce genre pictural.


Le XVIIIe siècle voit l'abandon des peintures à connotations religieuses au profit d'une reproductionen recherche de précision.
Les aliments de cuisine sont travaillés dans leurs formes et leurs tonalités. Après Chardin, la peintre Anne Vallayer-Coster se distingue en 1770 avec ses couleurs délicates et riches et ses textures fluides. Elle crée un illusionnisme proche du trompe-l'œil du rococo.

La nature morte, un champ d'exploitation artistique ?



 
Si elle décline et redevient un genre perçu comme mineur avec l'arrivée du romantisme et la mise en avant du genre du portrait, elle n'est pas abandonnée pour autant.
Des artistes tels Eugène Delacroix, Francisco de Goya ou Édouard Manet continuent de la faire évoluer. Derrière les détails minutieux, ils véhiculent de l'émotion à l'objet froid et sans âme.


Les couleurs et les perspectives se déforment. Le fond des tableaux, habituellement sombre, se pare d'orange vif chez Pierre-Auguste Renoir.
La nature morte peinture en devient un formidable terrain de jeu.
La célèbre huile intitulée Nature morte avec planche à dessin et oignons de Vincent Van Gogh en 1889 représente bien ce mélange de contrastes entre réalité de la vie quotidienne et conception symbolique de l'objet.


Au XXe siècle, le mouvement de peintres d'avant-garde adapte le genre aux tendances du moment : changement de la perspective chez Henri Matisse et géométrie spatiale chez Cézanne. La nature morte peinture se réinvente et se transforme : cubiste avant ou épurée avec Joan Miró.
Elle véhicule même des idées engagées sur la société de consommation pour le pop art.


La nature morte peinture s'est renouvelée au fil du temps. Oscillant entre représentation mimétique de la réalité et symbolisme, elle a toujours suscité l'intérêt des peintres, peu importe leur école ou leur courant. Perçue comme un genre mineur, elle a pu s'affranchir des règles et devenir un puissant champ d'exploitation artistique. Une peinture qui sort du cadre pour mieux vous impressionner !

 
lemon une peinture morte carré artistes

 

Lemon de Karine Romanelli 13 x 13 cm

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